Poitiers (Beaulieu), 17 novembre 2013

Psaume 98

Chers frères et sœurs,

Le livre des Psaumes a depuis toujours été un livre pour prier. Il a permis aux Israélites des temps anciens et aux Juifs d'aujourd'hui de chanter leur prière, leur louange et leurs supplications à Dieu. La louange de l'église naissante a aussi été portée par ces textes. Durant le Moyen Age et encore ensuite, il a été le chant des moines. Le chant grégorien, ce sont les psaumes. Mais aussi, de notre côté, les psaumes ont depuis le début été le chant des Réformés. Il existe d'ailleurs des églises réformées qui ne chantent que les psaumes.

Aujourd'hui nous allons donc partir d'un de ces psaumes. C'est un psaume de louange. Dans ce psaume, le verset 4 appelle la Terre entière à cette louange, pas seulement les fidèles, pas seulement Israël, mais la Terre entière.

Mais en fait, pourquoi louer Dieu ? Pour quelles raisons louerions-nous Dieu ? Les psaumes nous fournissent un certain nombre de raisons, même si les psaumes ne sont pas tous des psaumes de louange. Il y a des psaumes de plainte, de supplications. Il y a des psaumes de repentance. Mais il y a beaucoup de psaumes de louange. Prenons par exemple le psaume 8. C'est l'exemple du psaume de louange pour la beauté de la création, pour l'émerveillement devant l'œuvre de Dieu. D'autres psaumes louent Dieu après une délivrance, ou encore en raison de la fidélité de Dieu dont les auteurs ont été témoins.

Ce psaume 98 loue Dieu pour sa justice, pour son salut et sa fidélité.
Je veux vous proposer une méditation sur ce qu'est cette justice de Dieu.

On retrouve dans ce psaume trois notions proches, la justice, le jugement et la droiture.

Dieu vient pour juger. Comment ? avec justice, avec sa justice. Qu'est ce que c'est que sa justice ? Je vais passer du psaume à l'épître aux Romains où Paul nous parle de ce jugement. En fait, ce jugement est une justification. C'est à dire que la décision judiciaire de ce jugement est une déclaration de justice, la justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ : vous êtes justifiés, vous êtes déclarés justes. Le tribunal divin pose une décision, un verdict judiciaire. De la même façon que c'est le tribunal qui déclare innocent ou coupable, c'est Dieu qui déclare le croyant juste. Il ne constate pas que le croyant est celui qui a une conduite droite, un comportement juste et équitable. Non, il le déclare juste. Sans autre considération. Par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. C'est cela la justice de Dieu. La justification par la foi, c'est le moyen par lequel Dieu montre sa justice. Un peu bizarre comme décision de justice, non ? Le seul attendu, c'est Jésus-Christ.

L'évangile de la Bonne Nouvelle en Jésus-Christ était déjà présent dans ce psaume. Je reprends les versets 2 et 3 : L'Eternel a fait connaître son salut, il a révélé sa justice aux yeux des nations, il s'est souvenu de sa bienveillance et de sa fidélité envers la maison d'Israël. Toutes les extrémités de la Terre ont vu le salut de notre Dieu.

Ce jugement de Dieu n'est pas ici une parole de condamnation, mais une parole de salut, de libération. Mais cette libération n'est pas une libération sèche. Il laisse un mode d'emploi pour cette vie de justifié, pour ce supplément de vie qu'il donne. Il attend la droiture, la pratique de la justice, de l'équité.

Un peu plus tôt, au psaume 89, verset 15 : La justice et le droit sont la base de son trône, la bienveillance et la vérité se tiennent devant sa face. Un peu plus loin, au psaume 103, verset 6 : L'Eternel fait justice, il fait droit à tous les opprimés.

Avant de revenir au Nouveau Testament, je citerai aussi ce verset du prophète Michée, 6:8 : On t'a fait connaître ô homme ce qui est bien : et ce que l'Eternel demande de toi, c'est que tu pratiques le droit, que tu aimes la loyauté et que tu marches humblement avec ton Dieu.

Pratiquer la justice, voilà ce qui est attendu du justifié. Rappelons-nous ce que disait l'Evangile de Matthieu, et que nous chantons souvent : Cherchez d'abord le Royaume et la justice de Dieu.

Toute la perspective est renversée. La justice de Dieu, son jugement, ce n'est pas de mesurer de quelle manière l'homme, les hommes, accomplissent des actions justes, vivent équitablement, droitement. C'est d'abord de les déclarer justes, de les regarder comme justes. Celui qui écoute cette parole et la reçoit est juste, justifié. C'est pour cela que le psaume appelle à la louange. Mais cela n'est pas la fin de l'histoire. Ce n'en est que le commencement.

Cette justice de Dieu que le croyant, le saint dit le verset 1, a reçu, a prise pour lui, il lui faut maintenant en vivre, c'est à dire la vivre, c'est à dire vivre de cette justice, de cette droiture, de cette équité. Non pas s'efforcer de la vivre pour être reconnu comme juste. Mais bien, reconnu juste à cause de Jésus-Christ, de vivre cette justice, par elle et pour elle. Et cette vie vaut la peine d'être vécue. Cette vie où ce verdict de justification est derrière nous et efface tout ce qui pourrait peser sur notre avenir et entraver notre action, cette vie n'attend plus qu'à être vécue.

Et l'auteur de ce salut est avec raison l'objet de notre louange. Ce psaume de la justice est aussi un psaume du salut. Ou plutôt, ce psaume du salut est aussi un psaume de la justice.

Toutes les extrémités de la Terre ont vu le salut de notre Dieu. Même si parfois, on peut douter de la réalité de ce salut, en voyant des croyants souffrir à cause justement de cette espérance, de cette justice. Et pourtant cette justice est ici à saisir, pour en vivre et pour la mettre en pratique. La droiture, la justice, la bienveillance, la fidélité, qui sont ici les caractéristiques de Dieu sont aussi notre objectif, qui peut paraître hors de notre portée. Mais ils ne sont pas hors de sa portée. Et comme il nous a déclarés justes, comme il nous a justifiés, il a fait de nous des justes, il nous fourni aussi l'énergie, pour être ce qu'il nous appelle à être, il nous donne son Esprit pour accomplir des miracles, des signes de sa justice, comme ceux que chante le verset 1.

La justice de Dieu, ce n'est pas cette épée de Damoclès au-dessus de notre tête, c'est l'horizon qu'il nous donne pour que le monde voit cette justice, et que le monde croie, et que la terre entière en vive.

Amen

(Philippe Cousson)

Retour