Jean 3:14-21
Reprise
de : Rouillé, 18 mai 2008
(Exode
34:4-9, 2 Corinthiens 13:11-13, Jean 3:16-18)
Chers frères et soeurs,
J’avais commencé à préparer ma prédication, et puis au moment de commencer à rédiger, j’ai retrouvé une prédication que j’avais faite dans mon village d’enfance, à Rouillé en 2008.
Comme elle me semble encore en phase avec ce que j’aurais pu dire, je vais simplement la reprendre avec quelques corrections minimes.
Voici
un verset qui est très connu. Connu de ceux qui lisent la
Bible, et de ceux qui lisent les épitaphes protestantes dans
nos cimetières. C’est ce verset qui figure dans la
confession de foi de notre église réformée,
avant l’unité avec les luthériens, et qui reste
valable. Jean 3:16 : Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il
a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui ne
périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle.
C’est le coeur de l’évangile. C’est ce
verset qui est le socle de ma foi, depuis lépoque où
j’étais étudiant et membre des GBU
Un
prédicateur américain a même, dans un livre,
placé ce message d’espoir à côté
d’une autre paire de nombres : 9/11 et 3:16, le 9 septembre et
Jean 3:16, la catastrophe de l’attaque des deux tours en 2001
et le message de l’Evangile. Pour nous, c’est moins
frappant, mais ça l’est pour des Américains.
Ce
message-là est bien le coeur de l’Evangile, un résumé
en quelque sorte, un condensé, l’essentiel. Tout est là.
Nous allons donc passer en revu ce verset, mot après mot.
Dieu.
Celui
qui ne croit pas en Dieu, qui ne croit pas qu’il y ait un dieu,
celui-ci ne peut pas à priori tirer quelque chose de ce
verset. S’il n’y a pas de dieu, la suite n’a pas de
sens.
Tout
est alors comme des histoires de conte de fées, des histoires
de galipotes et de loups-garous.
Mais
si le dieu auquel on croit n’est qu’un dieu créateur,
grand horloger, qui se désintéresse des pauvres
mortels, minuscules poussières de l’univers, ce texte
n’a pas non plus de sens.
Si
le dieu auquel on croit est un dieu vengeur, exigeant, tyran, alors
ce texte n’a pas non plus de sens. Ce dieu là n’est
pas le Dieu que décrit ce verset, n’est pas le Dieu de
l’Evangile, n’est pas le Dieu de la Bible.
Mais
le Dieu dont parle ce verset est autre. Il est un Dieu de relation,
un Dieu d’alliance, un Dieu d’amour. C’est ce que
nous dit ce verset, c’est ce que nous dit l’Evangile,
c’est ce que nous dit la Bible.
D’ailleurs,
quoiqu’en disent certains, s’il n’y a pas de dieu,
si le monde n’a pas de début, pas de création, il
n’y a pas non plus de liberté possible. Pas de liberté
possible, puisque tout est déterminé par des lois
physiques et mathématiques. Seule l’existence d’un
Dieu personnel et créateur permet la possibilité de
liberté. Dans le cas contraire tout est aliénation et
absurde. A quoi bon vivre et aimer puisque cela ne changera rien,
puisque tout est déjà déterminé ?
En
affirmant qu’il y a un Dieu personnel et aimant, toute la
perspective est changée, renversée. Tout est possible.
Tout peut recommencer. Voilà le message de l’Evangile.
A aimé
L’amour,
l’amour, tout le monde rêve de l’amour. Mais quel
amour ? Celui qui cherche sa propre satisfaction ? Celui qui se lasse
? Celui qui passe ? Celui qui vous tombe dessus, et qui peut tout
aussi bien disparaître ? Non, il ne s’agit pas ici de cet
amour-là.
L’amour
de Dieu, et d’ailleurs aussi l’amour qu’il demande,
est un amour qui n’a aucune exigence en retour, qui ne cherche
pas à retirer quelque avantage. C’est un amour qui ne
désire que le mieux pour l’autre. Cet amour est
difficile pour les hommes, mais c’est de cet amour que Dieu
nous aime. Rien ne peut modifier, rien ne peut détruire cet
amour de Dieu pour les hommes.
Il
faut effectivement bien comprendre que nous ne pouvons pas modifier
cet amour de Dieu, ni par nos éventuels mérites, si
c’était possible, ni par nos fautes certaines, nos
péchés. L’amour de Dieu pour nous ne dépend
pas de nous. L’amour de Dieu pour nous ne dépend pas de
nous.
Tant aimé
Il est même ajouté : tant aimé. Un superlatif pour caractériser l’amour de Dieu. Il n’est pas possible d’évaluer, de mesurer l’amour de Dieu. Rappelez-vous Ephésiens 3:18 qui parle de l’incommensurable largeur, longueur, profondeur et hauteur de l’amour de Dieu.
Le monde
Le
monde c’est à dire le monde entier, tous les hommes,
sans exceptions, mais aussi le cosmos, c’est d’ailleurs
le mot utilisé en grec. L’amour de Dieu n’a pas de
limite.
Il
nous arrive d’avoir nos limites avec nos contemporains. Pas
Dieu. Il nous arrive d’avoir des préjugés sur nos
contemporains. Pas Dieu. Et pourtant autant nous ne connaissons pas
nos contemporains, autant Dieu les connaît. Et voilà que
lui, il les aime, alors que nous...
Nous
avons besoin de comprendre qu’il faut regarder les hommes, tous
ceux qui vivent autour de nous, ou plus loin, comme des personnes que
Dieu aime. Oui, tous.
Dieu
les aime, et nous, nous ne les aimerions pas...
Dieu
aime notre monde, et nous le maltraitons, et nous le mutilons.
Il
y a vraiment beaucoup de choses dans ce verset.
Il a donné
Dieu
donne. Dieu a donné. C’est sa volonté. Personne
ne l’y oblige, personne ne l’y a obligé, en tout
cas, pas sciemment.
Autant
il est impossible de modifier l’amour de Dieu, autant il est
vain de tenter de l’acheter. Dieu ne nous vend pas son amour.
Des bonnes actions pour se faire aimer de Dieu, cela n’a pas de
sens. Des mérites, des gestes, des actions, des rites pour
racheter des fautes, cela n’a pas de sens.
Dieu
est celui qui donne, qui abandonne. Mon Dieu, pourquoi m’as-tu
abandonné ? Ce qui est donné est donné.
L’offrande, le sacrifice n’est pas des hommes vers Dieu,
mais de Dieu vers les hommes. C’est Dieu qui montre son amour
aux hommes, et non le contraire.
Son Fils, le fils
Dieu
ne nous a pas donné des lois, des règles, des piliers,
des nobles vérités, il nous a donné son Fils, il
nous a donné son amour.
Le
fils, c’est comme un deuxième lui-même, c’est
un deuxième lui-même, c’est lui-même. Nous
avons un peu de difficulté à comprendre la grandeur de
l’amour de Dieu pour le monde, pour nous, alors imaginez un peu
l’amour de Dieu pour le Fils. Mais il a tant aimé le
monde, que ce Fils, il l’a donné.
Unique
L’unique, le seul. Il n’y en a pas d’autre. C’est celui qui est venu de lui. Même nature. On ne peut pas dire “chair de ma chair”, mais c’est la même chose, en plus fort. C’est un alter ego, un autre lui-même. Il n’y en a qu’un, et il n’y en aura toujours qu’un. Et c’est celui-là qui est donné. Et c’est celui-là qui se donne, aussi.
Quiconque croit
Quiconque
croit, ou encore : tous les croyants, tous ceux qui croient.
Quiconque,
ou tous. Pas de critère en plus. Pas d’exigence en plus.
Pas de définition en plus. Quiconque, tout le monde, chacun.
Moi, chacun de vous, celui qui est assis à côté,
derrière, celui qui marche dans la rue, celui qui conduit le
train qui passe. Tous. Il n’y a pas de liste noire, personne de
rejeté à priori. Jésus disait dans l’Evangile
qu’il est venu pour les malades et non pour les bien-portants.
Le plus grand des pêcheurs fait partie de ce quiconque.
Les croyants :
Si,
tout de même, une chose est demandée : croire.
J’ai
bien dit : croire. Il n’est jamais demandé de faire. Il
n’est pas demandé de connaître. Il n’est pas
demandé d’expérimenter. Il n’est pas
demandé de chercher en soi. Il est demandé de croire.
Est-il
dit que Dieu n’aime pas ceux qui ne croient pas ? Non. Dieu a
tant aimé le monde. Cela reste vrai. L’amour de Dieu
reste. La suite dépend de l’homme. La suite, mais pas
l’amour de Dieu.
Prenons
l’image d’une attraction de parc : le grand huit. Si vous
n’avez pas confiance dans l’installation, dans le
personnel, vous ne vous assiérez pas dans le siège.
Même si l’installation est sans faille et le personnel
compétent, vous ne vous y assiérez pas. Et personne ne
vous y mettra de force.
En lui
Il
ne s’agit pas de n’importe quelle foi. Le seul objet de
cette foi, c’est lui, c’est le Fils, c’est le
Christ, c’est Jésus. C’est celui qui se donne, qui
sera crucifié et ressuscité.
Je
rappelle qu’il s’agit ici de croire. Il ne s’agit
pas de faire quoi que ce soit, il ne s’agit pas d’obéir
à qui que ce soit. Il s’agit de croire en Lui.
C’est
en lui qu’il faut placer sa confiance. Ce n’est pas en
nous mêmes. La tentation est grande de vouloir mettre toutes
les chances de son côté. On veut s’assurer de la
réussite. Il ne nous est surtout pas demander de croire en
soi. Il est demander de croire en Lui.
Il
ne nous est pas non plus demandé de croire en d’autres,
en quelqu’un d’autre.
Même
si cet autre se réclame de Lui. Il est le seul auquel il faut
croire.
Il
ne s’agit pas non plus de croire pour croire. Aucune autre
religion ne satisfait à cette condition unique.
Si
au lieu du seul avion allant, disons à Bruxelles, vous
préférez celui qui va à New York, parce que vous
le trouvez plus beau, plus sûr, plus confortable, vous n’irez
pas à Bruxelles.
Jésus
ne nous a pas dit : je connais le chemin. Jésus ne nous a pas
dit : je montre le chemin. Jésus nous a dit : Je suis le
chemin.
Tous
les autres nous disent le chemin, nous montrent le chemin. Mais ces
chemins mènent ailleurs. Le seul chemin, c’est Jésus
Christ. C’est en lui qu’il faut placer sa foi, sa
confiance.
Ne périsse pas
Le
verbe ici veut dire soit périr soit être perdu.
Vanité
des vanités, tout est vanité. Combien de nos
concitoyens ont l’impression de perdre leur vie, de vivre en
vain, de passer à côté de la vie. Même
s’ils veulent donner l’impression du contraire. Combien
de nos contemporains sont déjà morts, même s’il
sont encore vivants. Une des caractéristiques de la vie, d’un
être vivant, c’est la relation, l’existence de
relations avec les autres êtres vivants et avec le milieu.
Mais, ces relations sont si souvent absentes, ou alors totalement
dénaturées.
Tout
alors peut paraître absurde, inutile, sans perspective. On
recherche par conséquent le plaisir. On l’obtient
parfois. On est souvent déçu ou amer. Est-ce que c’est
la vie, ça ?
Et
même, cette vie là, avec cette pauvre qualité là,
cette vie va s’arrêter un jour. C’est un fait
incontournable.
Que
faire ? Que nous dit l’Evangile ? Que nous dit ce texte ? Il
parle de ne pas périr, de ne pas se perdre, de ne plus se
perdre. Il ne nous propose pas d’attendre une autre vie, dans
un autre endroit, dans un autre temps, il nous propose une autre vie
dès maintenant. Celui qui regarde au Christ, celui qui regarde
aux autres, a devant lui déjà une autre vie. Sa vie
cesse d’être absurde, elle prend un sens par le don du
Fils.
La vie
La
vie, le fait d’être vivant. Voilà ce qui est
donné, promis, à celui qui croit.
On
peut tout de même se demander ce qui a empêché
notre monde, notre cosmos, notre humanité, nos voisins,
nous-mêmes, ce qui a empêché que la vie soit
toujours présente. La réponse est connue. On la formule
par un “gros mot” théologique : le péché.
C’est quoi le péché ? C’est le manque ou
l’absence de confiance en Dieu, le manque de foi, c’est
la défiance envers Dieu. Et c’est ce qui empêche
la vie d’être la vie. Et c’est ce qui produit
absurde et frustration.
Celui
qui place sa foi, sa confiance dans le Fils, celui là retrouve
la vie et son véritable sens.
Éternelle
La
vie éternelle. Ce n’est pas pour plus tard. Le verset ne
dit pas que la vie éternelle est un futur. C’est un
présent, déjà. La vie éternelle est donné
dors et déjà, maintenant et à jamais.
Cette
relation que nous établissons avec Dieu, ou plutôt,
cette relation que Dieu rétablit avec nous, avec chacun
d’entre nous, n’est pas appelée à se
terminer brusquement.
La
non-vie, qui est le lot de celui qui ne place sa foi dans le Christ,
est déjà une mort. Celui qui croit, c’est celui
qui reçoit déjà la vie nouvelle, la vie
éternelle.
Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle.
Qu’est-ce
qu’il y a à retenir d’important de ce verset si
connu. C’est Dieu qui donne. C’est Dieu qui rétablit
la relation. C’est Dieu qui aime.
La
foi chrétienne n’est pas une religion à faire. Ce
n’est pas une morale à respecter. Ce n’est pas un
code de règles à obéir. Il est inutile et même
impossible de compenser quoi que ce soit.
Raisonner
ainsi, c’est raisonner en terme de jugement. Celui qui croit
n’est pas jugé, mais celui qui ne croit pas, qui compte
donc sur lui est déjà jugé, par le simple fait
que c’est ainsi qu’il fonctionne et qu’il doit
affronter l’échec, les oeuvres mauvaises. Pratiquant
ainsi l’échec, le mal, il fuira la lumière, la
vérité.
Alors
que Dieu donne. Il suffit d’y croire. C’est là
qu’est la lumière.
Dieu
est amour. Il suffit d’en vivre. C’est là qu’est
le salut.
Amen