Récensions 2011-2013 pour le Protestant de l'Ouest
Une pastorale des célébrations réformées
Nouis, Antoine. Le sens du culte. Lyon, Olivetan, 2010. 318 p. ISBN 978-2-35479-125-4
Un
pasteur a voulu expliquer d'abord à ses paroissiens puis à
ses lecteurs le sens des célébrations réformées.
La plupart des chapitres sont des prédications remaniées.
Entre un style écrit et un style parlé ils sont faciles
à aborder et riches d'une grande expérience.
L'auteur
a organisé ses exposés en 4 parties : les moments du
culte, les dates de l'année liturgique, les moments marqués
de la vie et quelques aspects du culte.
Ce
livre n'est pas un manuel de liturgie théorique ni un guide
pratique pour conduire une célébration, mais il
pourrait cependant remplacer l'un et l'autre. Il est essentiellement
un témoignage d'une vie pastorale vécue pour rendre
compte d'une parole de grâce qui emplit toute la vie dans tous
ses aspects.
Prennez
donc un chapitre après l'autre en ayant à côté
de vous le feuillet ou la brochure du déroulement du culte
dominical et le dimanche suivant il vous paraîtra plein, plein
de sens, rempli de la grâce.
Et
même au fur et à mesure des pages, vous découvrirez
tel ou tel aspect de la théologie comme par exemple la Bible
et son autorité ou bien qui est Dieu ou encore le bruit du
silence.
Vraiment
un livre qui ouvre des tas de portes, de fenêtres, sur de
nombreux horizons, bien au-delà de la liturgie, et qu'on ne
lâche pas facilement.
Chaque
chapitre est conclu par un encadré, citation ou anecdote ou
commentaire, parfois même utilisable directement. Les notes de
bas de page permettent de pousuivre l'étude avec les citations
bibliques ou les références bibliographiques.
Deux
éléments que je reprendrai pour terminer : Luther, pour
expliquer que l'efficacité de la prédication ne
dépendait que de Dieu disait qu'il prêchait, puis buvait
de la bière avec ses amis, et que c'est alors que la Parole
agissait. Si les réunions du Conseil Presbytéral ne
concernent que les conseillers, il peut être utile de les
annoncer au culte pour que la communauté les porte dans la
prière.
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Gadreau,
Jean-Luc. Malléable… pour tout recommencer,
Cissé (Vienne), les Productions L7, 2011, 145 p. : ill.
Vous avez sans doute déjà assisté à une démonstration d'un potier qui fait devant vous un vase, qu'il décore, puis… qu'il détruit pour recommencer devant le groupe suivant. Cette scène est un peu le leitmotiv de ce livre qui regroupe beaucoup d'anecdotes personnelles, des épisodes de la Bible racontés et commentés et d'autres considérations de la vie courante, ou moins courante. Chaque partie peut être lue seule pour permettre une lecture sans contrainte. On y parle de naître de nouveau, de recommencements, et aussi de la pâte humaine, de sa malléabilité et de sa résilience, et aussi d'espérance, et aussi de foi, et aussi de créativité et d'art. J'ai beaucoup aimé ces passages où l'artiste qu'est l'auteur se dévoile. Jean-Luc Gadreau est pasteur, mais aussi chanteur, artiste, et responsable d'une formation chrétienne pour l'art et le multimédia. La rencontre avec le Christ est ici présentée comme un recommencement, une recréation qui libère et transforme.
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Viot,
Michel, avec Charles-Henri d'Andigné. De Luther à
Benoît XVI : itinéraire d'un ancien franc-maçon.
Paris : L'homme nouveau, 2011. 247 p.
Certains passent d'une église à l'autre. J'ai eu dans ma jeunesse un pasteur qui avait été prêtre catholique. Voici le livre d'un prêtre qui a été pasteur luthérien. Comme tous les convertis, il est plus papiste que les papistes. Il m'a ainsi permis de saisir un peu mieux le mode de raisonnement catholique. L'auteur est de plus passé par la franc-maçonnerie, qu'il aborde aussi dans ce livre qui est une longue interview. La référence tout du long reste la vérité de l'Eglise de Rome, face à Luther et aux protestants, face aux loges, face aux soixante-huitards, face aux "dérives" liturgiques, face au rôle des femmes et des laïcs, face à la laïcité et à l'islam. Il évoque aussi son ministère d'aumônier de prison, son appétence pour les symboles et les rites. Un livre qui se lit assez facilement, à la fois récit et réflexion personnels, sous l'autorité prégnante du magistère.
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Kuen,
Alfred. - Vivre l'unité de l'Eglise : survol biblique
et historique. - Marpent : BLF, Saint-Légier : Emmaüs,
2011. - 173 p.
Pour parler de l'unité de l'Eglise, il faut d'abord définir ce qu'est l'Eglise. C'est un peu la conclusion et l'introduction de ce livre, réédition actualisée d'un livre paru il y a plus de 50 ans. La base de l'auteur est le verset connu du livre des Actes, 2:42. Pour lui, "la séparation précède l'unité". L'Eglise est avant tout locale, union de personnes nées de nouveau. L'Eglise universelle, invisible, rassemble tous les croyants. Cependant, il nous raconte l'histoire de l'Eglise visible, ses schismes, ses errances théologiques (thomisme). Il nous présente les différents dialogues inter-confessionnels, analyse le fonctionnement du COE. Il pointe un risque du dialogue interreligieux, la tentation du syncrétisme. Pour Alfred Kuen, auteur de nombreux livres de références et d'une traduction de la Bible, l'unité doit se construire autour du Christ selon Actes 2:42.
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Just
People ? : pour une vie simple et juste, manuel de formation
individuelle et en groupe. - Valence : Ligue pour la lecture de
la Bible, 2011. - 160 p., 16 €
Le titre en anglais est un jeu de mot traduisible en français : des gens justes / juste des gens ? Ce livre est un guide pratique. Il présente le Défi Michée, par lequel des églises veulent rappeler aux gouvernements leurs engagements dans une déclaration de l'ONU en 2000 sur les 8 objectifs du millénaire pour le développement concernant la lutte contre la pauvreté et pour la justice sociale et qui ne seront pas atteints en 2015 comme promis. Il a été écrit par ceux qui coordonnent ce projet et est, comme il se définit lui-même, un manuel pratique, quasiment prêt à l'emploi. Il est organisé en 6 modules qui permettent une étude personnelle ou en groupe sur ces problématiques, mais ils peuvent tout aussi bien fournir des pistes pour une prédication ou un déroulement de culte ou encore pour lancer les communautés locales dans un projet humanitaire. Juste des gens ?
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Assens,
Janine ; Assens, Jean. - Cet héritage qui nous poursuit
: lecture généalogique de la Genèse. - Lyon
: Olivétan, 2011.- 221 p. - 19,50 €
Le risque avec un tel livre qui nous propose une clé de lecture est qu'on la retrouve à la fin, intacte. Il s'agit ici d'une analyse psychologique et symbolique des situations familiales et parentales du récit de la Genèse. Les auteurs examinent les rôles tenus de père, mère, fils et frère. Ils relèvent diverses premières mentions dans la Bible. La recherche des symboles est parfois poussée jusqu'à l'anachronisme quand il est fait mention de symboles alchimiques. On relève par ailleurs l'importance des noms, de leur attribution et de leur signification. Le poids que les auteurs donnent à la généalogie est marqué par des expressions comme "la puissance rédemptrice de la généalogie". Le caractère interdisciplinaire de l'ouvrage apparaît nettement dans la bibliographie qui fait une grande part à la psychanalyse et à la psychologie. Voilà un éclairage différent et peu commun de la Genèse.
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Exorcistes
et guérisseurs… souci pastoral
Picon,
Raphaël. Délivre-nous du mal : Exorcismes et
guérisons, une approche protestante. Genève, Labor
et Fides, 2013. 107 p.
Maennlein,
Emmanuel. Médiums, astrologues, guérisseurs…
Ce qu'ils ne vous disent pas. Marpent, BLF, 2011. 89 p.
Le
succès de Buffy ou Twilight avait présenté à
la télévision et banalisé des phénomènes
dont on ne parlait pas ouvertement. Mais ces phénomènes
perdurent et la souffrance qui les accompagne souvent aussi.
Voici
deux livres qui, bien que différents, placent ce sujet à
l'agenda des églises et des croyants. Ils différent par
leur cible. Quand le premier s'adresse plutôt aux pasteurs et
responsables des communautés le second s'adresse plus aux
croyants mais aussi à ceux qui se sentent atteints.
Cependant
le constat reste le même : il y a besoin d'un témoignage,
d'un soutien, d'une prière. Il y a besoin de rappeler le
message de l'Evangile, que le salut, que la puissance du Christ, de
la croix sont offerts, donnés, qu'il faut que l'Eglise sache
écouter, discerner, comprendre les personnes et leur
souffrance, et que par le symbole du rite, la lecture de la Bible, la
prière, l'accompagnement, elle puisse signifier et porter ce
message de délivrance.
Emmanuel
Maennlein nous présente la réalité des
souffrances et de la dépendance liées aux
manifestations occultes, et invite à se tourner vers la voie
de la délivrance qu'est Jésus-Christ.
Raphaël
Picon insiste sur l'écoute nécessaire, sur la
reconnaissance de réalités profondément vécues
et sur l'importance à laisser aux signes visibles qui
manifestent la guérison.
L'un
comme l'autre veulent éviter un quelconque caractère
magique à toute action croyante. Ce n'est ni le geste, ni la
prière, ni et surtout pas celui qui l'exécute qui
agissent, mais bien Dieu seul. C'est ainsi qu'il n'y a pas à
proprement parler d'exorcisme protestant.
Même
si ces deux ouvrages peuvent être complémentaires, ils
notent des points de vue théologiques différents. Une
différence notable porte sur l'existence reconnue du "diable",
du "menteur". Si Raphaël Picon en nie l'existence
personnelle, il rappelle que la souffrance ressentie est réelle
et son interprétation par la victime l'est aussi pour elle et
doit être respectée.
Bien
que les deux ouvrages soient pourvus de notes (essentiellement des
références bibliques pour le second), une bibliographie
récapitulative aurait pu être utile pour poursuivre la
réflexion.
Suivant
votre sensibilité vous préférerez l'un ou
l'autre, mais une lecture croisée me semble utile afin de
déplacer de temps en temps son point de vue.
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Gounelle,
André. Paul Tillich : une foi réfléchie.
Olivétan, 2013, (Figures protestantes), 124 p., 14,50 €
Vous
avez entendu parler de Paul Tillich. Vous en avez lu un ou deux
livres. Ou alors, le nom même ne vous dit rien. Pour celui qui
n'a pas le temps de se plonger dans toute son œuvre mais qui
veut tout même savoir de quoi il retourne, voilà un
petit ouvrage, dirai-je, indispensable.
L'auteur,
pasteur et théologien, nous présente, après une
courte biographie, les principaux thèmes qu'on peut dégager
de l'œuvre du théologien allemand du 20e siècle.
Il aborde successivement la démarche théologique, Dieu,
l'homme, Jésus le Christ, la religion et l'histoire en les
situant dans le déroulement de l'œuvre et de la vie de
Tillich ainsi que dans les débats théologiques et
philosophiques du siècle.
Si
vous avez envie, ensuite, de poursuivre dans la pensée de ce
théologien, l'auteur nous livre une petite bibliographie
commentée qui est comme un topoguide dans ce paysage qu'il a
lui-même fréquenté assidûment.
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Smetana,
Vincent. Le grand bouleversement, Speculoos, 2013,
137[+18] p., 10 €
Ce
petit livre est particulier. Son auteur, poète, chanteur belge
devenu chrétien nous offre ici un peu de son intimité.
La
forme passe insensiblement du poème en prose à la
nouvelle, au récit, à la description des paysages ou
des sentiments. Il sait manier les mots pour transporter dans des
ambiances, des impressions, pour nous en-chanter, tant ses textes
sont musicaux en eux-mêmes. Pas surprenant, puisque leur auteur
pratique avec talent le slam et la musique des mots.
Il
nous raconte ainsi des épisodes de sa vie, mais s'agit-il de
sa vie ? Peut importe. Il nous inspire, nous enrichit. Il veut nous
faire partager les gens, les événements, les choses qui
ont fait sa vie, qui font sa vie. A travers ses phrases passe le
témoignage d'une histoire de foi, une histoire de rencontres
et d'intimité.
Un
livre à prendre, à reposer, puis à reprendre, à
la suite ou au hasard. Bref, un bon livre de chevet.
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Dupertuis,
Sylvain (Red.). Le cri des chrétiens du Sud : pour une
Bonne Nouvelle incarnée dans les actes. Excelsis (Diff.),
2013, (Dossier Vivre, 34) 192 p., 10 €
Ce petit ouvrage collectif rassemble diverses contributions à la Consultation Internationale du Défi Michée de Thoune en 2012. L'origine géographique et confessionnelle variée des auteurs permet d'ouvrir notre horizon, si ce n'était pas déjà fait, sur des réalités trop longtemps ignorées par les églises dans leur effort missionnaire et d'évangélisation. La notion de Mission intégrale réunit mission/évangélisation et nécessité de justice sociale. Plutôt que des textes théoriques, nous avons ici un ensemble de témoignages de chrétiens, pasteurs, médecins, philosophes qui essayent de nous faire toucher du doigt la réalité de la vie chrétienne dans les pays "du Sud" et les pratiques sociales des églises. Nous sommes par exemple invités à mettre en pratique les Béatitudes comme style de vie, à adopter la B-attitude. Il s'agit pour chacun de comprendre "ce que le Seigneur réclame de nous".
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Thunin,
Louise. Cœurs et blessures. - Paris : L'Harmattan,
2013, 82 p. ; 22 cm, 11,50 €
Le
sous-titre de la couverture "Dans l'intimité d'une
tragédie familiale" résume assez bien la trame du
récit à plusieurs voix qu'a composé comme un
témoignage (un plaidoyer) l'aumônier de prison qui a
accompagné pendant quelque temps le condamné.
La
vie pourrait paraître simple, mais elle ne l'est pas,
terriblement, douloureusement. C'est ce qui apparaît au fil des
pages où le drame et la poésie se croisent, où
l'amour côtoie la mort, où le silence tait les cris.
On
suit ainsi la fille tuée, la mère, le père, tels
que celle qui a écouté le détenu les a
ressentis, un peu comme un acteur peut endosser un personnage jusqu'à
atteindre une vérité qu'il porte.
Quand
on a lu un tel livre, on ne peut plus écouter les faits divers
de la même façon, on ne peut plus les commenter comme au
Café du Commerce. On réalise que derrière
chacun, il y a une histoire, des histoires, et qu'il y a plus de
victimes qu'il n'y paraît au départ.
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Boinnard,
Yolande Nicole. Oser la colère : théologie d'une
émotion. - Bière, Divonne : Cabédita, 2013.
- 94 p. ; 22 cm, 17 €.
"Quiconque
est en colère contre son frère"... La colère,
ce sentiment qu'il faut absolument réprimer. Est-ce si vrai ?
C'est à cette question que tente de répondre l'auteur,
théologienne et formatrice d'adultes. Après avoir
défini et caractérisé la colère, ce
sentiment réservé aux puissants et qui fait peur, elle
nous ramène à ce que la colère nous apporte
comme bienfait, comme libération.
Le
psaume 137, "By the rivers of Babylon", se termine
par ce verset horrible où le psalmiste demande à Dieu
d'éclater la tête des enfants de Babylone sur un rocher.
Elle analyse les sentiments qui parcourent son auteur.
La
colère de Dieu trouve sa source dans son amour blessé.
Le jour de la colère de Dieu est en fait celui où la
vérité de son amour est manifesté. "Le
Dieu de Jésus-Christ sait se mettre en colère".
Et nous, savons-nous vivre notre colère ? Et aboutir à
la réconciliation ?
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Lonsdale,
Michael. Jésus, j'y crois. - Paris : Bayard, 2013.
- 103 p. ; 18 cm. (J'y crois). 13 €
C'est
un petit livre, où l'on écoute Michael Lonsdale,
l'acteur, nous donner son témoignage de croyant et quelques
éléments de sa biographie à travers lesquels la
lumière de Jésus a éclairé son existence.
Dans
sa vie, l'art et la foi se mêlent intimement. L'acteur et le
témoin sont indissociables. Il nous relate les rencontres qui
ont éclairé sa vie, nous parle de Thérèse
de Lisieux ou de François d'Assise qui avec d'autres
l'accompagnent dans sa prière. Le personnage de Frère
Luc, qu'il a interprété l'inspire aussi beaucoup.
Parfois l'Eglise qu'il connaît le déçoit, mais il
garde sa confiance en Dieu et ne cesse de lire et relire les
Ecritures. Le pardon, la mort et la résurrection ne sont pas
toujours faciles à accepter. Et pourtant, Jésus, il y
croit, et il en parle, avec hardiesse et confiance.
Tout
en faisant connaissance avec un homme public, voilà une
lecture qui peut raviver la foi et encourager au témoignage
simple et assuré.