Bonneuil-Matours, 17 octobre 2010
(Célébration oecuménique rencontre régionale ACAT)

Exode 17:8-16
2 Timothée 3:14-4:2
Luc 18:1-8

Le lectionnaire place devant nous ce matin trois textes bien différents : l'évangile de Luc semble fait exprès pour une rencontre ACAT. L'épître à Timothée nous rappelle l'importance de l'étude de la Bible pour la vie de chrétien. Mais, il y a aussi ce texte de l'Exode, texte de violence et de guerre, image de temps barbares que l'on voudrait révolus. Voilà donc la richesse de nos Ecritures. Et il n'est pas possible de dire : ce passage n'en fait pas partie. Ce texte n'a plus cours. Non, il faut prendre la Bible, toute la Bible, comme elle est, l'étudier et réfléchir, méditer, et tâcher de comprendre quel est ce message qui nous est délivré jour après jour, semaine après semaine.

Je vais ce matin chercher notre nourriture spirituelle dans les trois passages, sans en écarter un.

Commençons par le plus difficile, au moins pour notre sensibilité contemporaine. La bataille de Réphidim contre les Amalécites.
Situons l'épisode dans ce récit de l'Exode, du long périple entre l'Egypte et la Terre Promise, dans le cadre que nous propose la Pentateuque, la Torah. Les Israélites ont quitté l'Egypte dans des circonstances particulières. Et maintenant, ils se dirigent vers ce Pays promis, cette terre où ont vécu les Patriarches Abraham, Isaac et Jacob. Et sur leur chemin se dresse un peuple de nomades du désert, des tribus belliqueuses vivant de razzias, les Amalécites. Le récit de la Genèse leur attribue une parenté avec les Israélites par Esaü, le frère de Jacob. L'inimitié entre les deux peuples durera longtemps, jusqu'à leur extinction sous David.
Un petit bout de verset veut nous expliquer pourquoi ce récit figure dans ce texte : pour expliquer un nom de Dieu : l'Eternel mon étendard, dit ma version Segond, ou le Seigneur mon étendard dit la TOB. La Septante dit : le Seigneur est mon refuge. Mais on peut aussi voir un jeu de mot pour expliquer ce nom de Dieu : Adonai Nisi, qui peut être effectivement le Seigneur mon drapeau, celui qu'on élève, mais aussi, le Seigneur merveilleux, miraculeux. Il manifeste sa puissance parce que les bras de Moïse sont levés. On peut trouver de nombreux récits qui expliquent un nom, une expression, à posteriori, et souvent avec une étymologie très approximative.
On peut aussi essayer de déterminer le caractère historique de ce récit. Les spécialistes en sont encore aux conjectures. Il n'y a pas lieu de donner de parole définitive sur l'exode. D'ailleurs cela n'est pas important.
Qu'est-ce que ce récit raconté pour expliquer un des noms de Dieu, ou un nom de lieu plus ou moins déterminé peut avoir à nous dire ce matin ? Qu'il faut exterminer ses ennemis ? Je ne le crois pas. Et vous non plus sans doute.
Je vais rapidement retenir 3 éléments. D'abord, le secours nous vient de Dieu lui-même. Le verset qui précède ce récit dit : L'Eternel est-il au milieu de nous, oui ou non ?
Ensuite, c'est une illustration de la prière. Le soutien qu'apportent Moïse, et surtout Aaron et Hour, qui soutiennent ses bras est comparable à la prière les uns pour les autres dans le combat de la foi.
Et enfin, l'importance pour la foi des mémorials : Dans les deux derniers versets, Dieu demande à Moïse d'écrire ces choses, puis Moïse bâtit un autel qui commémore l'épisode. A nous d'établir un mémorial à l'action de Dieu en nous et autour de nous. Rendre témoignage de Dieu et de son action est une des caractéristiques de la foi chrétienne.

Regardons un peu maintenant le passage de l'Evangile. Luc y rapporte une parabole de Jésus. Il donne avant même de raconter l'histoire la clé de cette histoire : la nécessité de prier constamment et de ne pas se décourager. C'est une attitude très ACAT.
La prière s'adresse à Dieu, or celui auquel la veuve s'adresse est un juge qui n'a ni crainte de Dieu, ni respect des hommes. Pas un modèle en somme, et quelqu'un auquel on ne penserait pas qu'une requête puisse aboutir.
Prenons maintenant la veuve, la veuve casse-pieds comme certains l'ont surnommée. Faites bien attention au fait qu'elle ne prie pas pour quelqu'un d'autre. Elle veut justice contre son adversaire. Elle fait cette procédure, longue, pour elle même.
On aurait pu penser que la prière à laquelle ce passage faisait allusion était une prière pour les autres. Eh bien non.
Et cette histoire est conclue par une formule dont on pourrait d'abord se demander ce qu'elle fait là : "Le Fils de l'homme quand il viendra trouvera-t-il la foi sur la terre ?"
Ce qu'on peut aussi traduire par : les hommes auront-ils cesser de s'adresser à Dieu, de lui faire confiance ? Auront-ils perdu l'espérance ?
Votre action prouve qu'il reste des hommes qui continuent à se battre et à placer leur confiance en Dieu.

Nous trouvons ces deux textes, en fait pas si lointains dans leur message dans la même reliure d'un livre appelé la Bible, ou encore les Ecritures.
Le troisième passage nous parle de la place de ces Ecritures dans la vie du croyant. Il y est dit que ces Ecritures sont utiles, utiles pour enseigner, pour réfuter, pour redresser, pour éduquer dans la justice. Il ajoute l'objectif du croyant équipé pour toute oeuvre bonne. Et enfin, il est demandé à Timothée, comme à nous aussi, de proclamer cette Parole, à temps et à contretemps.

Voilà donc une des clés d'une étude de la Bible : chercher ce qui équipe le croyant pour toute oeuvre bonne. Il y a bien sûr d'autres principes d'une bonne exégèse des textes, d'une saine lecture de ceux-ci.

Reprenons donc avec cette question clé nos passages de ce matin :
Celui de l'Exode : La prière pour les autres, le soutien spirituel, la confiance en Dieu et en sa puissance et l'importance de se souvenir de ce qu'il a fait.
Celui de l'Evangile de Luc : la confiance dans l'attention que Dieu accorde aux croyants et l'efficacité de la prière adressée à Dieu quand elle est portée par la foi et l'espérance.
Et enfin, celui de l'Epître à Timothée : l'importance de l'écoute et de l'étude des Ecritures, de sa proclamation, pour le service envers les hommes.

Alors, pour les combats de nos vies, ayons pour slogan : le Seigneur, mon étendart.

Amen

(Philippe Cousson)

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