VERS LA METANOIA ET LA KOINONIA

Le texte de synthèse des interventions et débats du Congrès de Szombathely (27/07-03/08/1996)

A ce 12e Congrès international oecuménique d'Espéranto à Szombathely, nous nous sommes réunis, nous avons écouté, discuté. Et en ceci nous avons désiré préparer* la 2e Rencontre Européenne des Eglises à Graz, l'année prochaine.

Nous sommes donc un congrès. Ceci signifie que nous nous sommes volontairement réunis, et que nous avons désiré travailler en commun, et recevoir l'un de l'autre.
Nous sommes un congrès international. Ceci signifie que nous venons de diverses nations, avec des cultures, des langues, des histoires différentes, avec des blessures et des regrets, et/ou avec des victimes ou des oppresseurs.
Nous sommes un congrès oecuménique. Ceci signifie que nous venons de diverses confessions, avec des traditions, des coutumes, des compréhensions différentes, d'églises minoritaires ou dominantes, historiquement opprimées ou opprimantes.
Nous sommes un congrès d'Espéranto. Ceci signifie que nous parlons la même langue neutre, que nous avons en commun la même culture de réconciliation et d'intercompréhension, que nous portons un intérêt réciproque à l'autre et à sa pensée, à sa culture.
Nous sommes le 12e d'un tel congrès. Ceci signifie que nous avons déjà une histoire du chemin l'un vers l'autre, l'un avec l'autre, que nous avons l'expérience des difficultés et des joies de ce chemin, que le chemin déjà accompli nous invite à le poursuivre ensemble, et que l'autre n'est plus une étiquette, mais une personne, un visage, une voix.

Nous préparons la 2e Rencontre Européenne des Eglises à Graz. Ceci signifie que nous voulons partager entre nous, et avec les autres chrétiens, nos expériences, nos histoires, nos traditions, que nous voulons apporter à cette conférence le souffle de la réconciliation qui souffle parmi les espérantistes.

Nous avons prié ensemble. Ceci signifie que notre source est et reste la Parole de Dieu, le service de Dieu, qui nourrit notre vie, notre foi, amour et espérance, que tout est entre ses mains, la réconciliation aussi.

Nous avons entendu des exposés, des prédications, quand des hommes voulaient partager avec nous ce qu'ils avaient reçu, vu, étudié, vécu. Tout n'était pas lié à notre thème, mais de toutes façons lui apportait un éclairage.
Nous avons discuté ensemble en groupes, sur des thèmes qui seront traités à Graz.
Tout ceci nous a été permis par l'Espéranto et par notre volonté d'être ensemble et de s'apprécier.
Quand nous parlions de réconciliation, nous voulions arriver à la question : Que faire ? Comment... Nous attendons la même chose de la Conférence de Graz, quoiqu'il lui manque l'Espéranto.

Nous, humains, vivons sur une petite planète qu'ils nous faut partager avec d'autres, qui ensuite accueillera nos enfants et nos descendants, dont les ressources sont accaparées par des hommes, des pays, de plus en plus.
Nous avons constaté que nous l'avons tellement mal utilisée qu'il y a un risque pour l'humanité si la situation actuelle dure, que l'injustice détruit l'homme et la société, que le changement de style de vie est nécessaire pour économiser l'énergie et les ressources, pour arrêter la destruction et l'empoisonnement du milieu de vie, pour les partager avec ceux qui ne bénéficient pas de leur usage. Nous avons constaté qu'il y a pour cela un urgent besoin de modèles et de conscience, qu'un nouvel ordre économique et écologique est à concevoir, à imaginer, qui permettra à tous de vivre maintenant et plus tard avec le nécessaire et le suffisant.

Nous, humains, sommes nés parmi des peuples, parlons des langues, vivons dans des cultures, qui entre eux se sont souvent battus, fait la guerre, opprimés les uns les autres.
Nous avons constaté que les blessures sont terribles et peuvent rester béantes, que la peur et l'ignorance conduisent aux préjugés et à la discorde, à la haine, et que la justice et le pardon sont ensemble nécessaires, que l'attitude personnelle est très importante pour changer les coutumes. Nous avons constaté que le regard vers l'autre, la considération de l'autre, en tant qu'homme aussi, avec une culture et des coutumes autant estimables, à découvrir, nous apportent une responsabilité envers lui, et une nouvelle vie-avec, et qu'une simple tolérance, neutre et inactive, ne suffit pas.

Nous appartenons à diverses églises, que l'histoire et la nature humaine ont séparées, qui de plus en plus difficilement acceptent ce fait, mais qui défendent fermement les morceaux restants des murs séparateurs très ébréchés. Cependant nous avons constaté que beaucoup de signes de réconciliation sont venus, et que l'on pense sérieusement à une évolution supplémentaire.

Pour que ce changement dans la conscience des hommes, dans leur conduite et dans leur manière de vivre se réalise, l'éducation est très importante à tous points de vue.
En ceci les églises ont un rôle important et une responsabilité. Qu'elles prennent leur part.
Il s'agit d'éducation au respect de la création pour qu'elle reste vivable après nous, au respect des hommes et de leurs cultures, religions, au partage et à la vie modeste, à la solidarité.
Dans ce but, les églises devraient favoriser l'Espéranto, comme vecteur qui porte une culture de réconciliation.

Cependant aussi, comme chrétiens nous savons qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil, et que même l'éducation ne suffira pas.
Nous avons besoin de vivre une métanoia, un changement, une vie nouvelle. Nous avons besoin de reconnaître notre responsabilité et notre faute. Nous avons besoin de prier, pour que l'Esprit souffle sur nous, à travers/sur l'Eglise entière, à travers/sur l'humanité entière. Nous avons besoin d'agir, comme l'esprit nous le montrera, pour les frères, pour les hommes de maintenant et de plus tard, pour notre terre. Pour que le monde vive, croie et change, nous avons besoin de vivre une vraie koinonia, une vraie communion, visible.
C'est aussi pour cela que Christ est mort et ressuscité. Qu'attendons-nous donc ? Il a vaincu. Même la création attend et soupire. Tournons-nous vers lui, prions et agissons. Nous, un par un, et l'Eglise entière, expérimentons cette metanoia, vivons cette koinonia.

Philippe COUSSON
Rédacteur de Dia Regno

* Un participant prêtre catholique préférait la formule se préparer à Graz plutôt que préparer Graz.

(Philippe Cousson)

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