Exode 34:4-9
2 Corinthiens 13:11-13
Jean 3:16-18
Chers frères et soeurs,
Voici un verset qui est très connu. Connu de ceux qui lisent la Bible,
et de ceux qui lisent les épitaphes protestantes dans nos cimetières.
C'est ce verset qui figure dans notre confession de foi, dans la confession
de foi de notre église. Jean 3:16 : Car Dieu a tant aimé le monde,
qu'il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse
pas mais qu'il ait la vie éternelle. C'est le coeur de l'évangile.
Un prédicateur américain a même, dans un livre, placé
ce message d'espoir à côté d'une autre paire de nombres
: 9/11 et 3:16, le 9 septembre et Jean 3:16, la catastrophe de l'attaque des
deux tours en 2001 et le message de l'Evangile. Pour nous, c'est moins frappant,
mais ça l'est pour des Américains.
Ce message-là est bien le coeur de l'Evangile, un résumé
en quelque sorte, un condensé, l'essentiel. Tout est là.
Nous allons donc passer en revu ce verset, mot après mot.
Dieu.
Celui qui ne croit pas en Dieu, qui ne croit pas qu'il y ait un dieu, celui-ci
ne peut pas à priori tirer quelque chose de ce verset. S'il n'y a pas
de dieu, la suite n'a pas de sens.
Tout est alors comme des histoires de conte de fées, des histoires de
galipotes et de loups-garous.
Mais si le dieu auquel on croit n'est qu'un dieu créateur, grand horloger,
qui se désintéresse des pauvres mortels, minuscules poussières
de l'univers, ce texte n'a pas non plus de sens.
Si le dieu auquel on croit est un dieu vengeur, exigeant, tyran, alors ce texte
n'a pas non plus de sens. Ce dieu là n'est pas le Dieu que décrit
ce verset, n'est pas le Dieu de l'Evangile, n'est pas le Dieu de la Bible.
Mais le Dieu dont parle ce verset est autre. Il est un Dieu de relation, un
Dieu d'amour. C'est ce que nous dit ce verset, c'est ce que nous dit l'Evangile,
c'est ce que nous dit la Bible.
D'ailleurs, quoiqu'en disent certains, s'il n'y a pas de dieu, si le monde n'a
pas de début, pas de création, il n'y a pas non plus de liberté
possible. Pas de liberté possible, puisque tout est déterminé
par des lois physiques et mathématiques. Seule l'existence d'un Dieu
personnel et créateur permet la possibilité de liberté.
Dans le cas contraire tout est aliénation et absurde. A quoi bon vivre
et aimer puisque cela ne changera rien, puisque tout est déjà
déterminé.
En affirmant qu'il y a un Dieu personnel et aimant, toute la perspective est
changée, renversée. Tout est possible. Tout peut recommencer.
Voilà le message de l'Evangile.
A aimé
L'amour, l'amour, tout le monde rêve de l'amour. Mais quel amour ? Celui
qui cherche sa propre satisfaction ? Celui qui se lasse ? Celui qui passe ?
Celui qui vous tombe dessus, et qui peut tout aussi bien disparaître ?
Non, il ne s'agit pas ici de cet amour-là.
L'amour de Dieu, et d'ailleurs aussi l'amour qu'il demande, est un amour qui
n'a aucune exigence en retour, qui ne cherche pas à retirer quelque avantage.
C'est un amour qui ne désire que le mieux pour l'autre. Cet amour est
difficile pour les hommes, mais c'est de cet amour que Dieu nous aime. Rien
ne peut modifier, rien ne peut détruire cet amour de Dieu pour les hommes.
Il faut effectivement bien comprendre que nous ne pouvons pas modifier cet amour
de Dieu, ni par nos éventuels mérites, si c'était possible,
ni pas nos fautes certaines, nos péchés. L'amour de Dieu pour
nous ne dépend pas de nous. L'amour de Dieu pour nous ne dépend
pas de nous.
Tant aimé
Il est même ajouté : tant aimé. Un superlatif pour caractériser l'amour de Dieu. Il n'est pas possible d'évaluer, de mesurer l'amour de Dieu. Rappelez-vous Ephésiens 3:18 qui parle de l'incommensurable largeur, longueur, profondeur et hauteur de l'amour de Dieu.
Le monde
Le monde c'est à dire le monde entier, tous les hommes, sans exceptions,
mais aussi le cosmos, c'est d'ailleurs le mot utilisé en grec. L'amour
de Dieu n'a pas de limite.
Il nous arrive d'avoir nos limites avec nos contemporains. Pas Dieu. Il nous
arrive d'avoir des préjugés sur nos contemporains. Pas Dieu. Et
pourtant autant nous ne connaissons pas nos contemporains, autant Dieu les connaît.
Et voilà que lui, il les aime, alors que nous...
Nous avons besoin de comprendre qu'il faut regarder les hommes, tous ceux qui
vivent autour de nous, ou plus loin, comme des personnes que Dieu aime. Oui,
tous.
Dieu les aime, et nous, nous ne les aimerions pas...
Dieu aime notre monde, et nous le maltraitons, et nous le mutilons.
Il y a vraiment beaucoup de choses dans ce verset.
Il a donné
Dieu donne. Dieu a donné. C'est sa volonté. Personne ne l'y oblige,
personne ne l'y a obligé, en tout cas, pas sciemment.
Autant il est impossible de modifier l'amour de Dieu, autant il est vain de
tenter de l'acheter. Dieu ne nous vend pas son amour. Des bonnes actions pour
se faire aimer de Dieu, cela n'a pas de sens. Des mérites, des gestes,
des actions, des rites pour racheter des fautes, cela n'a pas de sens.
Dieu est celui qui donne, qui abandonne. Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné
? Ce qui est donné est donné. L'offrande, le sacrifice n'est pas
des hommes vers Dieu, mais de Dieu vers les hommes. C'est Dieu qui montre son
amour aux hommes, et non le contraire.
Son Fils, le fils
Dieu ne nous a pas donné des lois, des règles, des piliers, des
nobles vérités, il nous a donné son Fils, il nous a donné
son amour.
Le fils, c'est comme un deuxième lui-même. Nous avons un peu de
difficulté à comprendre la grandeur de l'amour de Dieu pour le
monde, pour nous, alors imaginez un peu l'amour de Dieu pour le Fils. Mais il
a tant aimé le monde, que ce Fils, il l'a donné.
Unique
L'unique, le seul. Il n'y en a pas d'autre. C'est celui qui est venu de lui. Même nature. On ne peut pas dire "chair de ma chair", mais c'est la même chose, en plus fort. C'est un alter ego, un autre lui-même. Il n'y en a qu'un, et il n'y en aura toujours qu'un. Et c'est celui-là qui est donné. Et c'est celui-là qui se donne, aussi.
Quiconque croit
Quiconque croit, ou encore : tous les croyants.
Quiconque, ou tous. Pas de critère en plus. Pas d'exigence en plus. Pas
de définition en plus. Quiconque, tout le monde, chacun. Moi, chacun
de vous, celui qui est assis à côté, derrière, celui
qui marche dans la rue, celui qui conduit le train qui passe. Tous. Il n'y a
pas de liste noire, personne de rejeté à priori. Jésus
disait dans l'Evangile qu'il est venu pour les malades et non pour les bien-portants.
Le plus grand des pêcheurs fait partie de ce quiconque.
Les croyants :
Si, tout de même, une chose est demandée : croire.
J'ai bien dit : croire. Il n'est jamais demandé de faire. Il n'est pas
demandé de connaître. Il est demandé de croire.
Est-il dit que Dieu n'aime pas ceux qui ne croient pas ? Non. Dieu a tant aimé
le monde. Cela reste vrai. L'amour de Dieu reste. La suite dépend de
l'homme. La suite, mais pas l'amour de Dieu.
Prenons l'image d'une attraction de parc : le grand huit. Si vous n'avez pas
confiance dans l'installation, dans le personnel, vous ne vous assiérez
pas dans le siège. Même si l'installation est sans faille et le
personnel compétent, vous ne vous y assiérez pas. Et personne
ne vous y mettra de force.
En lui
Il ne s'agit pas de n'importe quelle foi. Le seul objet de cette foi, c'est
lui, c'est le Fils, c'est le Christ, c'est Jésus.
Je rappelle qu'il s'agit ici de croire. Il ne s'agit pas de faire quoi que ce
soit, il ne s'agit pas d'obéir à qui que ce soit. Il s'agit de
croire en Lui.
C'est en lui qu'il faut placer sa confiance. Ce n'est pas en nous mêmes.
La tentation est grande de vouloir mettre toutes les chances de son côté.
On veut s'assurer de la réussite. Il ne nous est surtout pas demandé
de croire en soi. Il est demandé de croire en Lui.
Il ne nous est pas non plus demandé de croire en d'autres, en quelqu'un
d'autre.
Même si cet autre se réclame de Lui. Il est le seul auquel il faut
croire.
Il ne s'agit pas non plus de croire pour croire. Aucune autre religion ne satisfait
à cette condition unique.
Si au lieu du seul avion allant, disons à Bruxelles, vous préférez
celui qui va à New York, parce que vous le trouvez plus beau, plus sûr,
plus confortable, vous n'irez pas à Bruxelles.
Jésus ne nous a pas dit : je connais le chemin. Jésus ne nous
a pas dit : je montre le chemin. Jésus nous a dit : Je suis le chemin.
Tous les autres nous disent le chemin, nous montrent le chemin. Mais ces chemins
mènent ailleurs. Le seul chemin, c'est Jésus Christ. C'est en
lui qu'il faut placer sa foi, sa confiance.
Ne périsse pas
Le verbe ici veut dire soit périr soit être perdu.
Vanité des vanités, tout est vanité. Combien de nos concitoyens
ont l'impression de perdre leur vie, de vivre en vain, de passer à côté
de la vie. Même s'ils veulent donner l'impression du contraire. Combien
de nos contemporains sont déjà morts, même s'il sont encore
vivants. Une des caractéristiques de la vie, d'un être vivant,
c'est la relation, l'existence de relations avec les autres êtres vivants
et avec le milieu. Mais, ces relations sont si souvent absentes, ou alors totalement
dénaturées.
Tout alors peut paraître absurde, inutile, sans perspective. On recherche
par conséquent le plaisir. On l'obtient parfois. On est souvent déçu
ou amer. Est-ce que c'est la vie, ça ?
Et même, cette vie là, avec cette pauvre qualité là,
cette vie va s'arrêter un jour. C'est un fait incontournable.
Que faire ? Que nous dit l'Evangile ? Que nous dit ce texte ? Il parle de ne
pas périr, de ne pas se perdre, de ne plus se perdre. Il ne nous propose
pas d'attendre une autre vie, dans un autre endroit, dans un autre temps, il
nous propose une autre vie dès maintenant. Celui qui regarde au Christ,
celui qui regarde aux autres, a devant lui déjà une autre vie.
Sa vie cesse d'être absurde, elle prend un sens par le don du Fils.
La vie
La vie, le fait d'être vivant. Voilà ce qui est donné,
promis, à celui qui croit.
On peut tout de même se demander ce qui a empêché notre monde,
notre cosmos, notre humanité, nos voisins, nous-mêmes, ce qui a
empêché que la vie soit toujours présente. La réponse
est connue. On la formule par un "gros mot" théologique : le péché.
C'est quoi le péché ? C'est le manque ou l'absence de confiance
en Dieu, le manque de foi, c'est la défiance envers Dieu. Et c'est ce
qui empêche la vie d'être la vie. Et c'est ce qui produit absurde
et frustration.
Celui qui place sa foi, sa confiance dans le Fils, celui là retrouve
la vie et son véritable sens.
Éternelle
La vie éternelle. Ce n'est pas pour plus tard. Le verset ne dit pas
que la vie éternelle est un futur. C'est un présent, déjà.
La vie éternelle est donné dors et déjà, maintenant
et à jamais.
Cette relation que nous établissons avec Dieu, ou plutôt, cette
relation que Dieu rétablit avec nous, avec chacun d'entre nous, n'est
pas appelée à se terminer brusquement.
La non-vie qui est le lot de celui qui ne place pas sa foi dans le Christ est
déjà une mort. Celui qui croit, c'est celui qui reçoit
déjà la vie nouvelle, la vie éternelle.
Car Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle.
Qu'est-ce qu'il y a à retenir d'important de ce verset si connu. C'est
Dieu qui donne. C'est Dieu qui rétablit la relation. C'est Dieu qui aime.
La foi chrétienne n'est pas une religion à faire. Ce n'est pas
une morale à respecter. Ce n'est pas un code de règles à
obéir. Il est inutile et même impossible de compenser quoi que
ce soit.
Dieu donne. Il suffit d'y croire.
Dieu est amour. Il suffit d'en vivre.
Amen