St Sauvant, 11-11-1990

Prov 8:22-36
1 Tes 4:13-18
Mat 25:1-13

Que sommes-nous venus faire ici ce matin ? Que sommes-nous venus faire ensemble ici ce matin ? Simplement nous revoir ? Simplement nous rencontrer les uns les autres ? Revoir les amis, discuter, être ensemble. Après tout, pourquoi pas ? Ce n'est pas si mal. Mais, il se peut aussi que la visite rendu en ce lieu, à cette heure soit en fait une rencontre avec soi-même. Un moment où on se retrouve, où on se recentre, où on se ressource. Ou alors, peut-être, et ce serait regrettable, ce moment serait une rencontre avec ... personne, simplement une habitude, une coutume vide de sens. Le Dimanche matin on va au culte, parce que ... le dimanche matin on va au culte.
Mais nous, n'est-ce pas, nous nous sommes rassemblés dans ce lieu pour écouter la Parole du Seigneur, l'Evangile du Christ, et pour le rencontrer, lui. Ce lieu, où il nous attend, où nous l'attendons pour être avec lui et pour l'écouter, est en lui-même le témoin de la volonté de Dieu de rencontrer les hommes au milieu de leurs villes, de leurs villages. Autant de temples, d'églises, de chapelles, autant de signes, par lesquels Dieu dit : je suis venu parmi les hommes pour les rencontrer, je viens vous rencontrer.
Le Christ est venu, il y a deux mille ans. Il nous a dit su'il reviendra, et nous l'attendons, avec nos lampes, et notre huile.
Mais aussi, il vient, chaque jour, et celui ci plus spécialement. Il vient à notre rencontre, aujourd'hui. Il nous a donné rendez-vous ici ce matin. Comment l'attendons-nous ? Eveillés ou en somnolant, avec une réserve d'huile, ou sans huile d'avance. Il va venir, il approche, il est là. Combien d'huile y a-t-il dans votre lampe ? Et quelle huile ? Qu'est-ce qui pour nous aujourd'hui, pourrait correspondre à cette huile de la lampe ? Est-ce que la lumière de l'huile de notre lampe brille autour de nous, où alors, la mettons-nous sous le boisseau ? Notre lumière, notre flamme, notre drapeau, est-il le plus souvent dans notre poche ? par crainte ou par oubli ? A quoi pourraient bien nous servir une lampe et de l'huile, si la lampe reste éteinte, si personne n'en voit la lumière ? Sommes-nous, suis-je, es-tu, la lumière du monde ?
Mais l'huile, c'est aussi beaucoup plus que ça. Rappelons-nous. Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho... Vous connaissez la suite. Le samaritain a versé sur les plaies du blessé ... de l'huile ! Avons-nous, avons-nous reçu de l'huile pour panser les plaies de nos contemporains ? Notre huile reste-t-elle dans les jarres, les bouteilles, les flacons ? Si tant est que nous en ayons à verser, si tant est que nous nous soyons rendus compte que notre huile pouvait être efficace. Et pourtant combien de plaies attendent notre huile ! Combien d'hommes attendent le secours de Dieu, que nous sommes, si nous nous acceptons de nous laisser conduire. Nous devrions penser, à chaque fois que prions la prière dite d'intercession, ou prière pour les autres, que si nous demandons à Dieu d'intervenir, ce n'est pas pour nous laver les mains de l'huile qui y resterait, mais bien pour nous préparer à intervenir, conduits par Dieu. Si nous demandons à Dieu d'aider les pauvres, les malades, les affligés, les prisonniers, les mourants, etc, et que nous ne bougions pas le petit doigt, où est notre logique ? Où est notre conscience ? Où est notre bonne foi ? Où est notre foi, tout simplement ?
Mais, voyez comme l'huile est quelque chose de riche, d'important, d'essentiel. L'huile, c'est aussi l'huile qui coulait sur la barbe d'Aaron, sur la tête de David. C'est aussi l'huile de l'onction, de la bénédiction. C'est l'huile de l'oint, du Messie, du Christ. Sommes nous des gens de bénédiction, ou de malédiction ? Sommes nous pour notre entourage une bénédiction ou une malédiction ? Notre vie est-elle une vie qui enrichit les autres, ou bien sommes nous des gens que les autres évitent ? Sommes-nous, suis-je, es-tu quelqu'un avec lequel on aime être, on aime à parler, ou quelqu'un qui repousse, qui rebute ?
Mais l'huile, c'est aussi tout le long de la Bible l'image de l'Esprit, de l'Esprit Saint, de l'Esprit de Dieu. Sommes-nous, suis-je, es-tu remplis de cette huile là ? Le Saint Esprit est-il présent en nous, en moi, en toi ? Si nous sommes ici, il y a de fortes chances que oui, mais cet Esprit déborde-t-il? Coule-t-il comme des torrents d'eau vive ?
Dans notre lampe ce matin, alors que nous attendons la venue de l'époux, que nous désirons le rencontrer, y a-t-il de l'huile ? Et quelle huile ? Et en quelle quantité ? Sommes-nous disponibles pour cette rencontre ? Sommes-nous, suis-je, es-tu ouvert pour le rencontrer ? Sommes-nous, suis-je, es-tu prêt à entrer avec lui dans la salle des noces ? Ou alors, y a-t-il encore quelque chose qui te retient ailleurs ? Quelque chose où tu penses que ton huile, que ton énergie, que ta vie serait pour l'instant plus utile ? Oui, je sais, cette phrase s'adresserait plutôt aux absents, cependant, n'avez-vous jamais entendu cette expression scolaire : présent de corps, mais non d'esprit ? Alors, comme les scouts, toujours prêts ?
D'où nous vient l'huile qui se trouve dans nos lampes, ce matin, alors que nous nous attendons à lui. Est-ce une simple obéissance à une règle immuable qui nous a conduits ici ? Venons-nous par devoir, moral ?, religieux ?, social ? Pensons-nous que le fait que nos ancêtres, notre famille aient été, soient protestants, suffise à garnir notre lampe d'huile, d'une huile de bonne qualité, et que celle de ceux de l'autre église serait de moins bonne qualité ? Suffit-il pour être un bon protestant, donc un bon chrétien, de suivre la tradition familiale, la coutume locale de fréquenter régulièrement les réunions de son église. La réserve d'huile des ancêtres, des parents, de la famille suffit-elle aussi pour chacun de nous ? Ont-ils accumulé une telle réserve qu'il ne nous soit pas nécessaire de nous en procurer par nous-mêmes ? Si je vous pose la question, c'est bien parce que je pense que la réponse est non. L'huile de notre lampe est celle de notre foi, et non pas celle de la foi de nos proches. Nous recevons cette huile par l'histoire que nous avons, que j'ai, que tu as avec Dieu et le Christ. Cette vie spirituelle qui est la tienne, cet Esprit que tu as reçu, tu les dois à la grâce de Dieu. Et c'est à lui que tu vas pour te renouveler, pour renouveler l'huile de ta lampe, une huile de bonne qualité, et en quantité suffisante.
Quelle est la qualité de l'huile de notre lampe. Est-ce de l'huile qui fige au moindre froid ? Est-ce de l'huile fragile qui perd tout son goût à une trop forte chaleur ? Est-ce une huile délicate que le temps détruit ? Est-ce une huile qui n'a pas été renouvelée et qui est toute brûlée ? Ou plutôt est-ce une huile toujours renouvelée, issue directement du fruit de l'arbre, sans traitement, une huile d'olive vierge, que nous allons régulièrement acquérir auprès du producteur lui-même ?
Et quelle quantité d'huile possédons-nous ? En avons-nous assez ? Et d'ailleurs savons-nous de quelle quantité nous disposons ? Nous risquons soit de surestimer notre quantité, soit de la sous-estimer, et de ne pas l'utiliser. De toutes façons, en fait, il n'y en a jamais trop. Qui s'est plaint jamais d'avoir trop reçu de Dieu ? Qui s'est plaint jamais de déborder d'Esprit Saint ?
Vous allez accueillir à la fin de la semaine qui commence toutes les huiles du Synode. Mais ce ne sera pas la fin du monde, du moins je le suppose. Le Christ ne choisira sans doute pas ce rassemblement de ses disciples pour revenir. Mais où en sera l'huile de votre lampe quand il reviendra ? Il a demandé : Le Fils de l'homme trouvera-t-il la foi sur la terre ? Vous trouvera-t-il avec un peu d'huile encore dans votre lampe ?

Amen.

(Philippe Cousson)

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