Poitiers, 21 octobre 1990

Es 45:1-8
1 Thes 1:1-5
Matt 22:15-22

Ceci est un message adressé à Cyrus.
Vois-tu, Cyrus, j'ai choisi de te confier une tâche. Tu as une mission à accomplir pour moi. Je t'ai saisi par la main. En fait, je ne t'ai même pas laissé le choix, mais je t'ouvrirai les portes. Et même je les briserai devant toi. J'aplanirai les pentes. Tu auras des trésors et des richesses. Mais je t'ai choisi pour un but bien précis. Tu feras revenir mon peuple sur sa terre. Mais attention, n'oublie surtout pas, note bien qui je suis. Je suis l'Eternel, le Dieu d'Israël. Je suis le seul Dieu. Il n'y en a pas d'autre. Je suis le créateur, je suis à l'origine de toutes choses. Mais malgré tout, tu seras le moyen que j'ai choisi. Et je te donnerai les moyens de cette mission, et tu recevras des richesses, un titre. N'oublie pas non plus cependant que tu n'y es pour rien. Tout cela je te le donnes à cause de mon peuple et à cause de mon nom.
Et voilà donc, Dieu, le Tout puissant, l'Eternel des armées, qui après avoir pour punir son peuple utilisé les Assyriens puis les Babyloniens, décide de se servir de la puissance montante, les perses et les mèdes, de Cyrus, cet empereur qui va mettre fin à la puissance babylonienne.
Et voilà que la nouvelle puissance impérialiste, comme on dit maintenant dans certains milieux, est en fait au service de Dieu sans le savoir, pour une tâche précise. Dieu utilise l'appétit de conquête de cette nouvelle superpuissance pour servir ses desseins

Dieu, omnipotent, omniscient, etc. est pourtant celui qui choisit d'utiliser les hommes, d'utiliser un homme, ici Cyrus. Il a choisi de l'utiliser pour terrasser les nations, pour défaire les rois, pour ouvrir les portes, vaste programme. Et Cyrus n'est pas le seul qui collabore avec Dieu, à travers l'histoire biblique, et en fait à travers toute l'histoire humaine. En repassant ses leçons d'histoire biblique ou d'histoire universelle, on en retrouverait tant.
Mais, en général, Cyrus comme les autres, est embauché par Dieu, qu'il en ait une énorme envie ou pas. C'est de bon ou de mauvais gré, malgré lui ou consciemment, qu'il entre dans le plan de Dieu. Le plus souvent, lorsqu'il l'ignore, le collaborateur occasionnel de Dieu l'est à son corps défendant. En fait Dieu utilise alors les motivations, les ressorts propres à celui-là, la volonté de puissance, la soif de pouvoir, la vanité de la gloire, et autres sentiments vraiment humains, non ? Mais à chaque fois, si Dieu a choisi de se servir d'un homme, il l'équipe, il lui fournit tout ce qui est nécessaire pour remplir son rôle, les occasions, les outils, la force, la sagesse.

Et pourtant, L'Eternel Dieu, l'Eternel Un, celui qu'Israël doit écouter, c'est le créateur, c'est Lui qui est à l'origine du monde, Il a fait la lumière et les ténèbres. C'est Lui qui a toutes choses entre les mains, la paix et le malheur. C'est Lui qui donne le salut et la justice. D'ailleurs, est-ce vraiment possible de parler de justice, de salut, en dehors de Lui ? Le salut, la justice, la paix ont-ils vraiment une existence, un sens hors de Dieu et de ce que Dieu dit ? Les hommes sont-jamais parvenus à établir des normes morales, sociales, qui se tiennent, en dehors de toute révélation ? Je ne le crois pas. Il n'y a pas comme d'aucuns l'ont cru au 19¡ siècle de morale scientifique, de progrès humaniste en dehors d'une référence, parfois implicite, à un Dieu, au Dieu créateur, qui est aussi le Dieu Sauveur. Il n'est pas simplement celui qui aurait à un moment donné lancé la machine univers, et puis qui maintenant la regarderait tournoyer, la laissant à son inertie propre, comme si la pichenette du départ était sa seule intervention. Mais non, il est celui qui intervient durablement. Il ne cesse d'intervenir. Il ne cesse de créer. Le Dieu vivant n'est pas lui-même le cosmos. Il n'est pas à la fois le tout, le grand tout, et chaque partie, chaque élément, chaque grain de sable, comme le dit un nouvel âge, copiant ainsi l'Inde. Non, Il a créé le monde par sa Parole, il en est l'architecte, il en assure la maintenance. Et en plus, il a pour ce monde un projet, un plan. Et ce n'est pas une vanité humaine, si dans ce plan, l'homme a une place de choix. Si tout était inéluctable, ou alors aléatoire, il n'y aurait pour le monde et pour toi, pour moi, aucune espérance possible, aucun progrès envisageable. Seul l'absurde règnerait. Notre monde dans sa complexité n'est pas uniquement régi par des lois semblables aux lois de la physique, faites de determination et d'aléatoire. Dieu y intervient, il y donne un sens, une direction, un mouvement, un objectif. Ceux qui n'entrevoient plus aucune espérance, aucun espoir, tombent bien souvent dans le désespoir. Qu'espérer en effet si de toute façon rien n'est appelé à changer, si tout doit toujours rester à l'identique, si tout doit, à un moment ou à un autre, se répéter.

Mais voilà, Dieu a un plan, un objectif, le salut et la justice. Et dans ce plan, il confie à chacun, qu'il le reconnaisse comme Seigneur de sa vie ou non, un rôle, une responsabilité. Nous l'avons vu avec Cyrus, beaucoup ont un rôle dans le plan de Dieu sans même le savoir, sans même l'avoir voulu. Leur attitude a été guidée par leur instinct, leur envie, leur ambition. Et pourtant Dieu s'est servi d'eux. Mais attention, ils n'ont pas pour cela satisfait à l'exigence de justice de Dieu, exigence que de toute façon aucun humain ne peut satisfaire, sauf à regarder à la croix du calvaire.

Mais, ceux qui le reconnaissent comme Seigneur, ceux qui sont passés au pied de la croix du Christ, ceux qui placent en Lui leur espérance ont une responsabilité bien particulière. Eux ils savent qui est Dieu, ils savent que Dieu a un plan, qu'ils ont un rôle dans ce plan. Ils en ont conscience. Leur responsabilité en est d'autant plus grande.
Et parmi ceux-ci, il y a moi, il y a toi. Mais premièrement, pour que nous ne nous glorifiions pas, Dieu n'a pas besoin de nous. Il pourrait très bien se passer de moi, de toi. Mais voilà, il a choisi notre aide. Nous sommes ses auxiliaires, non pas par notre choix, pour notre mérite, mais par son choix. Alors soyons prêts, soyons disponibles, soyons sages, afin de pouvoir le moment venu agir où Il nous attend. Mais aussi, et d'abord, soyons prêts, disponibles, sages, pour nous laisser former par lui, à travers l'étude, la méditation, la prière, ou tout simplement à travers les circonstances. Soyons prêts, disponibles, sages, pour accepter et reconnaître les occasions qui se présentent en étant capables d'identifier là la main de Dieu. Combien de fois avons-nous laissé passer un rendez-vous avec le service de Dieu, parce que nous ne l'avons tout simplement pas identifié. Mais était-ce vraiment cela. N'y a-t-il pas eu des fois où, sincèrement, nous nous étions bien doutés qu'il y avait quelque chose, que ce n'était pas vraiment par hasard si...,mais où comme Jonas, nous avons pris la direction opposée, parce qu'il y avait très certainement autre chose à faire, comme les invités du banquet avaient eux aussi une bonne raison. Que de "bonnes" excuses n'opposons-nous pas aux petits appels que Dieu place devant nos pas ? Parfois, la sagesse et le discernement ont bon dos, non ?

Et pourtant Dieu nous laisse des clés pour reconnaître l'endroit, le moment où il nous attend. Il nous faut pour cela nous rappeler qu'Il a un plan, des objectifs de justice et de salut. On parle aujourd'hui des valeurs de notre civilisation. Nous devons nous aussi nous inquieter des valeurs qui sont celles du Royaume de Dieu. Nous devons rechercher quelles valeurs sont celles qui animent le plan de Dieu, son Règne : l'amour, la justice et la paix, le salut du prochain. Annonçons donc au monde le salut et la justice de Dieu, appelant les hommes à la conversion et à la vie du Royaume, vivant son amour, vivant de son amour.

Je vous rappelle la fin du passage, verset 8 :
Que les cieux distillent d'en haut,
Et que les nuées laissent couler la justice !
Que la terre s'ouvre
Pour que, tout ensemble, le salut y fructifie,
et que la justice germe !
Moi l'Eternel, j'en suis le créateur.

Amen.

(Philippe Cousson)

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