Poitiers, 8 décembre 1996

Esaïe 40:1-11
2 Pierre 3:8-13
Marc 1:1-8

     Aujourd'hui, deuxième dimanche de l'Avent, préparation de Noël, le texte de l'Evangile du jour est pris dans un évangile qui n'a pas de récit de l'enfance, l'évangile de Marc.
     Ce matin, j'utiliserai principalement le premier verset de ce passage pour essayer de comprendre ce que la parole de Dieu a à nous dire.

     De même que l'évangile de Jean, il commence par le commencement, c'est à dire par le mot commencement, qui est le deuxième mot de Jean : Au commencement était la Parole.

     Ce mot, c'est arkhê, qu'on retrouve en français par exemple dans archéologie. C'est un peu comme le coup d'envoi. La Bible en français courant donne : Ici commence. C'est là qu'il faut commencer à lire, à écouter, à vivre. Allons y, démarrons.

     Et ce qui commence, c'est l'Evangile, c'est à dire, comme on dit maintenant, la Bonne Nouvelle. Et ce n'est pas une nouvelle abstraite, d'ailleurs, mais bien une nouvelle qui vous concerne, qui nous concerne, qui me concerne.

     Et cet évangile, ce n'est pas l'évangile de Marc, mais c'est l'évangile de Jésus-Christ. De même, rappelons le début de l'Apocalypse : Révélation de Jésus-Christ.

     Et rien que ce nom est déjà tout un programme. Jésus-Christ.      Jésus, c'est Yeshoua, c'est Josué, c'est le sauveur. C'est le salut offert. C'est par lui que vient le salut, c'est par lui que chacun peut être sauvé.
     Christ, c'est le Messie, c'est l'oint, celui que Dieu a choisi, et qui a reçu l'onction d'huile sur la tête, comme les rois ou les prophètes d'Israël. Jésus Christ, c'est le sauveur choisi par Dieu.

     Le Fils de Dieu. Cette expression est absente d'un certain nombre de manuscrits. Mais pourtant elle est bien présente dans tout l'évangile de Marc. C'est une réalité que l'église veut confesser, que ce Jésus-Christ, que Marc va nous conter, ce Sauveur choisi par Dieu, est bien le Fils de Dieu.

     Dans les versets suivants, Marc rattache ce commencement à un "avant", aux prophètes, il cite Esaïe, et d'ailleurs aussi Malachie. Cette évangile qui commence n'est pas apparu, venu de rien. Il a été annoncé. Il a été annoncé autrefois par les prophètes, et par le dernier prophète, Jean Baptiste. D'ailleurs le texte cité n'annonce pas Jésus, mais bien Jean. C'est Jean qui est le lien entre l'Ancienne Alliance et la Nouvelle Alliance. Et si nous reprenons ce message de Jean, il indique la condition, l'étincelle initiale, qui permet d'entrer dans ce commencement, la repentance, le pardon des péchés. Il l'annonce, mais c'est le Sauveur choisi, Jésus-Christ qui l'accomplira.

     Pour nous tous, la fête de Noël approche. Nous attendons cette fête familiale et religieuse, religieuse d'abord, mais pour beaucoup de nos contemporains familiale uniquement, et tant pis pour ceux qui n'ont pas de famille. Et puis, où sera le commencement, le recommencement ? Où sera la Bonne Nouvelle, l'évangile, l'Evangile de la grâce ?

     L'Avent, c'est l'attente. Qu'attendons-nous ? Qu'attendons-nous de la vie ? Que faisons-nous de ceux qui n'attendent plus rien de la vie ? Quand commencerons-nous à donner la Bonne Nouvelle du Sauveur choisi, de Jésus-Christ ? Et quand nous-mêmes nous placerons-nous dans ce courant où porte l'Esprit ?

    L'Evangile, la Bonne Nouvelle, le salut, font partie des choses pour lesquelles il ne faut pas attendre. Si nous ne vivons pas de cet Evangile, c'est maintenant qu'il faut le saisir. C'est maintenant qu'il faut laisser ce qui empêche de vivre. C'est maintenant le moment de la repentance, c'est le moment du pardon des péchés. Jésus-Christ, le Sauveur choisi, est venu, il a vécu parmi les hommes, et les femmes, il a souffert, il est mort, et il est ressuscité. Par lui, à cause de lui, celui qui veut tirer un trait sur sa vie passée, et commencer une vie nouvelle, le peut. C'est possible, C'est gratuit. Rien à faire. Rien à payer. Pas de bonnes actions. Inutile de chercher à se racheter. Tout est accompli. La vie nouvelle, l'Evangile, c'est pour maintenant. Ici commence la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Si un poids, un boulet vous retarde, vous oppresse, sachez qu'il l'a pris. Même si nous autres, protestants, ne le représentons pas, je vous dis : Regardez à lui. Quand il est mort et réssuscité, il a tout pris. Et la vie peut commencer.

     Mais voilà, il se peut que tu sois venu ici pour voir, pour comprendre un peu ce que peut être la spiritualité protestante. Alors, il est une chose qu'il faut comprendre très vite. C'est que l'Evangile de Jésus Christ, du Sauveur choisi, n'est pas une option dont on peut agrémenter son existence, ce n'est pas un accessoire pour améliorer sa vie. Il demande, comme l'annonçait Jean Baptiste, la repentance et le pardon des péchés. or si on estime ne rien avoir à se reprocher, il n'y a plus d'évangile possible. De même, si on pense qu'il faut se gagner quelque chose, il n'y a plus de Bonne Nouvelle non plus. Mais qui donc, en étant sérieux et lucide sur lui-même, peut continuer à se mentir en affirmant qu'il n'a rien à se reprocher, qu'il est en mesure de mériter quelque récompense ? Et pourtant, Ici commence la Bonne Nouvelle du Sauveur choisi. Vous êtes au commencement de l'Evangile de Jésus-Christ, gratuit et définitif. Rien à attendre, rien à faire, seulement le prendre. Le salut est là. Si vous voulez continuer votre vie telle quelle, avec vos prétentions, avec vos angoisses, avec vos efforts, libre à vous. Rien ne vous force. Mais, vous êtes devant le commencement de l'Evangile de Jésus-Christ.

     Et pour ceux qui vivent déjà de la grâce, ici aussi commence l'Evangile de Jésus-Christ. Ce n'est pas, plus tard, ailleurs, quand je serai fort, quand je serai bien formé, qu'il faudra annoncer cet Evangile, cette Bonne Nouvelle, mais bien maintenant. Aussi pour nous, qui avons l'habitude de nous réunir à Son invitation ici le dimanche matin pour nous souvenir de lui et écouter sa Parole, Dieu nous rappelle que cette bonne nouvelle du Sauveur qu'il a choisi est à transmettre, à vivre et à transmettre.

     Mais voilà que nous nous sommes arrêtés, voilà que nous avons fait une pause, une pause dans la vie nouvelle. Peut-être pensons-nous être arrivés ? Mais toujours ce premier verset de Marc reste un appel : Commencement de l'Evangile de Jésus Christ.

     Peut-être y a-t-il parmi nous quelqu'un qui a déjà connu cet évangile, et qu'il l'a laissé, au bord de sa route, qui a poursuivi sa vie seul ou accompagné, mais en réalité de toutes façons seul. Car hormis la présence de Jésus Christ, on est et on reste toujours seul. Si donc tu es venu ce matin, peut-être pour reprendre contact avec ton Sauveur, je peux te le dire, nous pouvons te le dire : Ici commence la Bonne Nouvelle du Sauveur choisi, l'Evangile de Jésus Christ. Si toi tu l'as déposé, lui t'a suivi. Et, vois-tu, il t'a rattrapé. Il t'attends. Ecoute-le, suis-le. Il est là. Il t'aime, comme au premier jour. C'est encore aujourd'hui pour toi à nouveau le commencement de l'Evangile de Jésus Christ.

     Et pour que chacun de nous ne s'embourbe jamais dans quelque sablière ou bourbier de l'existence, il nous faudra toujours nous rappeler ce verset : Commencement de l'Evangile de Jésus-Christ. Ici commence la Bonne Nouvelle du Sauveur choisi par Dieu. Et si nous faisions de chaque moment de notre existence à tous un commencement de l'Evangile de Jésus-Christ ? Le matin en nous réveillant : commencement de l'Evangile de Jésus Christ. Quand nous rencontrons quelqu'un : commencement de l'Evangile de Jésus Christ, quand nous arrivons au travail : commencement de l'Evangile de Jésus Christ, quand nous arrivons au culte : commencement de l'Evangile de Jésus Christ, quand nous commençons à faire quelque chose : commencement de l'Evangile de Jésus Christ.

     Le Livre de la Parole de Dieu nous attend, attend notre lecture, notre méditation, notre mise en pratique. On y lit : Commencement de l'Evangile de Jésus Christ.

     Amen.

(Philippe Cousson)

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