Poitiers, 18 août 2002

2 Timothée 3:14-4:5
2 Pierre 1:16-21

2003 sera en France et dans quelques autres pays l'année de la Bible.
Nous prendrons nous aussi notre part de cet "effort de communication".

Ce souci de la Bible n'est pas vraiment récent. Il fut d'ailleurs à la base de la Réforme Protestante : le Sola Scriptura.
Cette Bible, dont nous avons hérité, qu'allons-nous en faire ? Que devons-nous en faire ?

La Bible a été le sujet de vifs débats, pour le moins, depuis surtout les 18e et 19e siècles. Ce qui a eu pour effet de modifier les attitudes vis à vis d'elle, et même parfois vis à vis de la foi qu'elle véhicule.

Quels sont donc ces problèmes qui ont soulevé tant de polémiques ? On peut en gros relever trois origines :
- des incohérences dans le texte, parfois des contradictions,
- une confrontation avec l'archéologie, qui ne confirme pas tous les récits,
- un décalage entre les descriptions et analyses scientifiques contemporaines et certaines descriptions et analyses dans le texte biblique.
Tous ces décalages ont modifié les approches du texte, les analyses de sa forme, et même de son contenu.

Je passerai en revue d'abord quelques certitudes et quelques convictions touchant à la Bible, ensuite j'aborderai quelques éléments contradictoires des débats, et je terminerai en abordant le contenu, le message de la Bible, et la fonction de ce texte.

D'abord, les certitudes.
Les textes bibliques sont des textes anciens, dont les nombreux manuscrits, concordants dans la très grande majorité des cas, certifient le contenu. Il existe bien sûr des variantes, mais minimes en quantité et en signification. La stabilité du texte est remarquable. De plus les manuscrits les plus anciens sont effectivement très anciens. Ce qui est loin d'être le cas pour la plupart des textes antiques connus, même beaucoup plus récents.
Sa composition s'étend sur de nombreux siècles. Elle n'est pas l'oeuvre d'un homme, même prophète, ni l'oeuvre d'une école. Ses auteurs successifs sont d'origines très diverses.
Elle est composée d'une très grande variété de textes, de genres littéraires très différents, récits, poésie, chants, textes juridiques, etc.
La fixation d'un canon est aussi ancienne, entre le premier siècle pour l'Ancien Testament et le 5e pour le Nouveau.

Les convictions :
La Bible contient le message du salut pour les hommes, de la part de Dieu. Elle témoigne de la foi de ses auteurs.
Pour qu'elle parvienne aux hommes, Dieu s'est servi d'hommes. C'est ce que nous appelons l'inspiration. Nous croyons que dans toutes les phases de la transmission de ce message, Dieu a inspiré, conduit les hommes. Que ce soit au moment de la création du texte, écrit ou oral, au moment de sa transmission, de sa mise en forme, de sa copie, ou au moment de sa lecture, de son analyse, de son commentaire, ou même au moment de la prédication, nous croyons que Dieu veut faire passer son message de salut et qu'Il a inspiré des hommes (ou des femmes) pour cela..

Voyons donc maintenant quelques éléments des débats.
Comment comprendre le sens du texte.
Le texte tel qu'il nous apparaît a bien sûr un sens immédiat. Mais il nous faut bien faire attention à un certain nombre d'éléments afin d'éviter des erreurs d'interprétation.
Ce texte, au moment de sa création, se situe dans un contexte culturel, religieux. Il répond à des problématiques de l'époque de sa création. Mais ce texte est aussi passé par d'autres phases. Quand ce texte a été fixé, quand il est devenu le texte que nous possédons maintenant, sa transmission répondait aussi à des problématiques liées à l'époque, mais aussi à des considérations de fidélité. Si le texte a été retenu, c'est aussi, en plus du caractère particulier de texte sacré, pour des raisons liées de même à l'époque. On pourrait aussi faire les mêmes remarques pour certains choix de traduction. De la même façon, le commentaire et la prédication qui s'appuyent sur un texte biblique tiennent aussi compte du contexte et d'une actualité de la foi et du message divin. Ce qui donne d'ailleurs à cet ensemble de textes son caractère exceptionnel, c'est que son message a gardé un caractère universel, en dépit ou grâce à son enracinement culturel et temporel.

Une première remarque pour aborder le débat sur la caractère de vérité scientifique de ces textes : La Bible n'est pas un manuel de sciences.
On trouve deux positions extrèmes : tout ce qui est dit dans la Bible est sans erreur, et, rien de scientifique n'est à chercher dans la Bible. L'exégèse ainsi que les théories scientifiques étant en perpétuelle évolution, il est sage de se garder des extrèmes. Nous n'avons pas tout compris, et il y a parfois des choses que nous refusons.

La question archéologique me paraît encore plus délicate. Certaines affirmations me semblent trop prématurées. L'absence de découverte archéologique ne signifie pas qu'il n'y aura pas de découverte plus tard. Nier un événement parce qu'on n'a rien retrouvé peut être une hypothèse, mais certainement pas une conclusion. Il reste beaucoup à trouver, et beaucoup a déjà été trouvé.

On nous parle beaucoup de certains récits bibliques comme de mythes.
Qu'est-ce qu'un mythe ? C'est un récit en forme d'explication pour un phénomène, pour donner des origines. Il est parti d'événements réels, de phénomènes observés et interprétés. Il a été raconté, reraconté, interprété.
Dans l'analyse des textes bibliques, on peut bien sûr partir à la recherche des mythes, tenter de faire la part des choses entre le mythe et l'histoire. Il reste d'ailleurs à savoir comment on traitait l'histoire à l'époque de la composition du texte biblique lui-même.
Certains passages bibliques semblent d'ailleurs une réappropriation de mythes d'autres origines. En fait, il s'agirait à ce moment-là plutôt de réinterprétation, ou même de détournement de ces mythes ou récits. Et le sens à chercher serait plutôt dans les modifications apportées à ces mythes extérieurs, dans la nouveauté qu'y place le message biblique.

Par rapport à ces thèmes, qui ont fait et font encore couler beaucoup d'encre, il faut garder à l'esprit la conviction qui était celle des rédacteurs même de la Bible, à quelque niveau qu'ils se situent : l'origine divine du texte, de la parole prononcée, et le fait que ce texte ne soit pas qu'un texte mais bien un message de salut de Dieu pour les hommes, et un récit de son salut en action.

Vous savez comment notre église reprend à son compte le verset 13 du 3e chapître de l'évangile de Jean comme résumé du message de salut de Dieu : Car Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en lui, ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle.
Quelques éléments donc de ce message :
Dieu existe, il est présent dans le monde et dans l'histoire.
Il aime le monde, il aime chaque homme.
Il offre à chacun une vie nouvelle sans le péché.
Et ce salut, il l'offre gratuitement, par la foi.

Quelles sont alors par rapport à ce message les fonctions de la Bible ? Paul les rappelle à Timothée : enseigner, convaincre, redresser, éduquer dans la justice.
Elle est là pour nous présenter Dieu, pour nous présenter son salut par grâce, et pour nous guider dans les difficiles choix de notre vie. C'est à la fois un appel à la conversion et une perpétuelle instigation éthique. Elle est les deux. De même qu'une conversion sans modification du comportement n'a pas de sens, de même une construction éthique où la grâce du salut serait absente n'a pas plus de sens.

Que ce soit au moment de la rencontre dominicale, dans un groupe d'étude, ou seul devant sa Bible, il nous faut garder à l'esprit ceci : Dieu met ce livre à notre disposition pour deux choses : nous faire entrer dans sa grâce, et nous amener à la permanente nouveauté de vie qu'Il place devant nous. Mais aussi pour présenter Dieu et son salut autour de nous.

Amen.

(Philippe Cousson)

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